Pour l’Ego et pour le prix
Compte rendu d’une écoute et d’une rencontre peu banale
Samedi après-midi, Rémi est arrivé la veille au soir et a amené son lecteur CD Teac T1 largement modifié, nous l’avons installé le vendredi et laissé sous tension.
L’objectif du week-end est de déterminer l’apport du module d’horloge a très faible jitter (environ 10x fois meilleur aux mesures que le Sélectronic) installé dans le lecteur Teac T1.
Rémi a installé non pas un, mais bien deux modules d’horloge de sa conception dans le Teac T1.
Le deuxième module est encore dix fois meilleur aux mesures que le premier !
Cela afin que nous puissions comparer et essayer de tirer des enseignements.
En résumé, ce n’est pas un travail d’enculeur de mouches, mais une démarche complémentaire à la démarche scientifique afin de déterminer si nous pouvons entendre des différences « subjectives » lorsque l’horloge d’un lecteur a été remplacée par un module dont la précision (aux mesures) est de 10 fois supérieure à ce que l’on trouve sur le marché.
Et si jamais nous entendons des différences, où devons nous poser le curseur, au delà de quel niveau de précision n’est-il plus nécessaire d’aller ?
En discutant de manière informelle, Rémi explique que les mesures du module sont différentes à froid, puis après 15 minutes, et ainsi de suite jusqu’à près de 24 heures de chauffe.
Cela me brosse dans les sens du poil idiophilie, car cela correspond à mon expérience pratique (en particulier les convertisseurs Wadia de la première heure doivent beaucoup « chauffer » avant de donner le meilleur d’eux-mêmes).
Rémi explique aussi de manière didactique les composants installés sur le PCB, les choix technologiques, les petites erreurs et les différentes étapes de la genèse du module : nous travaillons par internet interposé, et il y a un certain plaisir à se rencontrer physiquement lors de nos réunions Avignonnaises, à montrer le matériel, le saisir et manipuler les choses.
Je m’esbaudis et pose quelques questions : que le module est petit, les composants sont minuscules, pourquoi un connecteur… Rémi explique patiemment au néophyte plein de bonne volonté que je suis.
Rémi a aussi amené son gros ampli Setton largement remis à niveau.
Je sais que les transistors ont été changés pour des modèles récents disponibles chez ST Electronics et à travers le capot on peut apercevoir les énormes capacités bleues toutes neuves.
L’appareil est imposant est nous faisons de la place pour le poser.
Nous allons en profiter un peu : dès la mise sous tension, on sent qu’il ne faut pas trop chatouiller le monstre : une belle sensation de puissance maîtrisée, de capacité dynamique rarement entendue est audible instantanément.
Nous ne sommes que deux paires d’oreilles, je propose à Rémi de téléphoner à François afin qu’il vienne se joindre à nous.
Après deux ou trois communications téléphoniques, François confirme sa venue avec une personne que je ne connais pas.
Ok, nous les attendons.
Durant l’attente, nous profitons du système qui donne bien du plaisir d’écoute, depuis la veille au soir nous enchaînons les disques avec gourmandise.
Il s’agit d’un ensemble réalisés avec des composants de qualité, sélectionnés patiemment par une pratique de la HiFi depuis bientôt trente ans, avec des contraintes budgétaires assez laxistes, installé dans un salon suffisamment spacieux de 40m² et dédié à l’écoute.
Les enceintes sont correctement positionnées, le petit tapis devant, etc… Rien d’ésotérique, juste une installation correcte permettant de profiter des composants et distillant des heures de musiques sans agression et sans fatigue auditive.
Second acte
Arrivent François et son ami, que nous nommerons Monsieur X, accompagné par Madame X.
Un petit café et quelques biscuits permettent d’expliquer la démarche et l’objectif de notre week-end.
Après les présentations d’usages, nous commençons une petite séance d’écoute d’environ 45 minutes, avec différents styles musicaux : jazz, classique et rock.
Saint Coluche, priez pour nous
Après 45 minutes d’écoute, Monsieur X se lève, va voir derrière les électroniques, fait de grands gestes et commence à rugir.
Ma chaîne est nulle, ce n’est pas possible que ça soit aussi dégueulasse par rapport aux tarifs des appareils mis en oeuvre.
Il y a un « fagot » (traduisez « fatras ») de câbles derrière la chaîne, mon meuble spécifique n’est pas d’aplomb, il n’y a aucune émotion.
Monsieur X explique que lui il est spécialiste des câbles, et qu’avec ses câbles qu’il fabrique lui même personnellement par ses propres moyens, il fait marcher (comprenez transfigure) n’importe quelle chaîne.
D’ailleurs les Wilson Audio sont des enceintes de merde, et lui, Monsieur X, il fait marcher des enceintes à 110€ (dont j’ai oublié la référence, le lecteur me pardonnera) à la perfection (certainement mieux que les Wilson, il faudrait quand même que je fasse un effort pour comprendre !) par l’intermédiaire de ses câbles.
D’ailleurs il faut tout changer : ne pas mettre de multiprises pour brancher la chaîne, balancer mes câbles audiophiles pour les enceintes (en fait idiophiles, puisque j’utilise avec autant de plaisir des câbles maison à base de câble réseau, mais par soucis de ne pas déranger les éventuels idiophiles, je leur substitue des câbles onéreux en conformité avec la bienséance audiophilienne) et utiliser ses câbles d’alimentation spécifiques.
Bon bon bon, je veux bien.
Par exemple, le câble d’alimentation, il faut bien le brancher sur le secteur ? C’est à dire que le câble du compteur jusqu’à la prise, il faudrait aussi le refaire, ou alors il ne compte pas ? Et puis ensuite, les enroulements du transformateur, c’est du câble aussi, hein, les 100 mètres qu’il y a dans le transformateur ? Et puis j’y pense, le courant qui est utilisé par l’amplificateur, il ne viendrait pas des capacités situés dans l’étage d’alimentation ? Je dois mal comprendre, mal envisager la question.
Je me renseigne, Monsieur X est au moins ingénieur à la NASA, il a dû mesurer avec des appareils de précision et une savante expérience du protocole tous ses câbles, il a dû étudier la structure atomique, la propagation électrique etc…
Non, Monsieur X est autodidacte et il a un job sans rapport avec notre sujet dans un domaine ni technique ni scientifique. Son appareil de mesure, c’est lui-même.
Je commence à comprendre.
Monsieur X travaille avec un fidèle acquis à sa cause transformé en comparse d’occasion.
Il vient à une invitation cordiale puis fait son numéro avec les câbles : il fait mine d’écouter patiemment, puis le voilà en train de rugir, s’offusque que l’on ose le soumettre à pareille déchéance audiophile, désigne le coupable, puis indique le remède : il est nécessaire d’installer son câble !
Ensuite le numéro est bien rodé, il affirme avec son comparse entendre des différences.
A ce moment là, l’idiophile moyen entre dans un conflit cognitif.
Il n’entend pas de différences, mais voila que les deux experts en installations très haut de gamme lui expliquent les différences. Mon Dieu, et moi qui ne les entend pas ! Combien ce câble, que je puisse enfin éclairer ma chaîne et mes oreilles de la lumière divine ?
Le reste est à l’avenant : il y a pléthore d’enceintes bien meilleures que les Wilson pour un prix ridicule (lesquelles, je ne le sais toujours pas, à moins que ces merveilles à 110€…), ce ne sont que des enceintes de salon.
J’ai de la chance, je les utilise dans mon salon !
Signalons pour le plaisir de l’anecdote narquoise qu’elles étaient aussi utilisées chez Harmonia Mundi en tant que monitoring, et aussi par Roy Halee le type qui a enregistré Simon and Garfunkel etc… Les professionnels du sons feraient mieux d’acheter ces enceintes à 110€ et équiper leurs studios des câbles X.
Bien, passons au registre pragmatique
Monsieur X peut-il produire les mesures des câbles ?
Il n’y en a pas Monsieur, moi je mesure en fonction du plaisir ressenti, les mesures, c’est pour les personnes qui contingentent, celles qui ont l’esprit fermé (comme Rémi et moi) et qui sont prisonnières d’un carcan : ce n’est pas ainsi que l’on fait avancer les choses.
Nous voilà Rémi et moi à nouveau en accusation : nous contingentons à tel point que cette démarche scientifique, le design, les tests, les appareils de mesure à 50 000€ pour déterminer le niveau de jitter, le soucis d’acquérir certains modèles du marché pour les comparer aux prototypes, les compétences de plusieurs ingénieurs spécialistes du domaine mobilisées sur le projet, la volonté de corréler ou pas des différences à l’écoute etc… Et bien tout cela ne vaut rien, c’est signe d’esprit obtus, un frein à l’émotion.
Monsieur X n’a pas de système chez lui : c’est bien dommage, j’aurais eu à cœur de m’inspirer de ses choix afin de progresser dans ma démarche. Mais à vrai dire, comment teste t-il ses câbles ? Chez ses clients victimes ?
Comme j’aimerai m’ouvrir et acheter à Monsieur X ses câbles magiques afin de m’ouvrir l’esprit.
Le terme magique est employé à bon escient.
En effet, il est impossible à Monsieur X d’avancer des arguments dans le domaine de la science.
Dès que nous nous en approchons, nous nous heurtons à une fin de non recevoir.
Alors comment justifier ses assertions sans avoir recours au vocabulaire de la magie ?
Parce que Monsieur X est une sorte de gourou dans son genre.
C’est sa grande expérience et son travail acharné, ainsi que ses nombreux disciples qui plaident en sa faveur.
Monsieur X a reçu la lumière divine, la révélation et il sait, par l’intermédiaire des câbles qu’il commercialise, qu’il va faire « décoller » une chaîne (peut importe la qualité intrinsèque, ses câbles corrigent tout).
François, Monsieur X et sa compagne s’en vont.
Nous voilà tous les deux, assis dans la cuisine, Rémi et moi.
Séance de debriefing
Que conclure de cette après-midi, quels sont les enseignements à tirer ? Ami lecteur, je t’avoue que j’ai compris, par l’intermédiaire de Monsieur X, la véritable finalité de la Hifi.
Je sais qu’à la lecture de ces quelques lignes de témoignage, toi aussi tu es touché et maintenant convaincu de l’utilité des câbles X. 🙂
La fameuse chaîne « pourrie », six lecteurs, deux convertisseurs, un préamp, un peu de Marantz (140 & 1060), des blocs mono dans le dos des enceintes. le Setton a été installé après la photo et puis aussi une enceinte.
Que le lecteur se rassure, la deuxième enceinte est présente dans le salon mais absente de la photo ! 🙂
Faut il en rire ou en pleure? c’est selon
Soyez nombreux à laisser vos commentaires, soyez certains qu’ils seront appréciés … au plaisir de vous lire.
Cordialement.
Cet article a été rédigé par Renaud Coustellier, contributeur indépendant, tous droits réservés, copyright 2009, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bonne journée et bonnes écoutes.
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