Boire en musique

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Champagne et Nuit St Georges 2002

Depuis deux ans, nous expérimentons autour de l’idée que la musique, le vin, alcools, café, etc… ont une relation intime qui conditionnent nos sensations et notre perception des sons.

Relation intime de l’ensemble de nos 5 sens, ici le vin (image de la SAQ)

Je me suis entouré des conseils d’un des plus grands spécialistes dans le domaine des vins et spiritueux en la personne de Christophe Tassan qui se trouve être aussi un copain d’enfance, nous avons fait nos études ensemble quand j’étais en Europe.
En 2004 il a obtenu la distinction de « Meilleurs Ouvrier de France ». (M.O.F pour les initiés).
Depuis il a quitté l’entreprise familiale pour s’installer avec son épouse aux USA où il travaille pour le groupe Ducasse au restaurant The MIX à Las Vegas, en qualité de directeur de la cave à vins, cela va de soit.

Christophe Tassan

Nous ne sommes pas les seuls à nous être intéressés au sujet puisque le British Journal of Psychology révélait en décembre dernier que le volume sonore dans un lieu public du genre discothèque, pouvait altérer le goût et notre perception du degré d’alcool absorbé, ce qui aurait pour conséquence un impact significatif sur sa consommation.
Une seconde étude, réalisée cette fois par l’université de Portsmouth démontre que la musique influencerait notre pouvoir gustatif du vin notamment avec les meilleurs millésimes : un vin « puissant et tanique » à l’écoute de Carmina Burana de Carl Orff ou La Valse des fleurs du Casse-Noisette de Tchaïkovski, le rendrait « subtil et raffiné ».
Pour les besoins de l’étude, on a demandé à 80 participants de classer à l’aveugle une sélection de boissons selon leur teneur en alcool, leur douceur et leur amertume en présence de divers types de sons comme de la musique, les informations télévisées, les deux ensemble ou dans le silence.
L’étude a montré que les sujets trouvaient les boissons bien plus sucrées en présence de musique.
Cela viendrait corroborer l’idée que le Porto ou le Pineau des Charentes auraient un alter-égo en musique différent de celui du vin blanc sec et du Champagne.
J’en veux pour preuve, que le Champagne est souvent associé à un environnement relaxant, feutré même, style piano bar, trio de jazz, vocal féminin suave, mais en aucun cas en écoutant du Death métal ou une musique plus rapide et agressive.
Pour l’avoir testé, nous avons une propension à associer une situation où on écoute de la musique ou un film avec ce que l’on consomme.
J’irais même jusqu’à ajouter que sur les films à la maison on a tendance à vouloir boire des boissons chaudes plus ou moins sucrées, genre chocolat chaud, thé, tisane, café.
Un peu comme si une scène d’action nous faisait vivre une dépense physique tout comme l’acteur sur l’écran, notre cerveau faisant le reste.
Si je mes souvenirs sont exacts, dans les night clubs il n’était pas rare de voir les gens consommer aisément une bouteille de Vodka à 3 ou 4 personnes, chose qui aurait été improbable en temps normal s’ils avaient été chez eux, assis seul ou en petit comité dans l’intimité de leur salon.

Revenons à l’étude publiée cet automne dans le British Journal of Psychology.
Lorsque les participants étaient soumis au plus haut degré de distraction, à savoir la musique et les infos, ils étaient moins capables d’évaluer la teneur en alcool contenu dans leur verre, le bruit semblant diminuer leurs capacités d’évaluation.

Alcools et autres spiritueux (image de la SAQ)

Si on reprend les propos de Lorenzeo Stafford, le chercheur en charge de l’étude : « Comme les humains ont une préférence innée pour le sucré, ces résultats pourraient expliquer pourquoi on a tendance à consommer plus d’alcool dans un environnement bruyant. […] C’est une étude menée à petite échelle, mais elle présente de nombreuses implications pour les personnes qui boivent de l’alcool dans des environnements bruyants, mais aussi pour les bars, l’industrie des boissons alcoolisées et les autorités locales. »
Fin de citation.
Par ailleurs, une étude publiée cet automne dans le British Journal of Psychology avait aussi montré que la musique pouvait influencer le goût du vin.
Après avoir examiné la perception gustative de 250 étudiants, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que le vin prenait certains attributs du style de musique écouté pendant la dégustation.
Par exemple, si vous voulez que votre Merlot offre des arômes plus terreux et corsés, la British Psychological Society conseille d’essayer de le déguster en écoutant Tom Jones. Pour relever votre Pinot Noir, c’est du Lady Gaga qu’il faut écouter.
Cela n’engage que ces gens là… veuillez vous faire votre propre opinion en essayant diverses formules à votre tour.
Ne négligez pas le pouvoir de suggestion, vous seriez surpris de ce que nous pensons qui est et qui ne l’est pas en réalité… on appelle cela également le mentalisme, mais ceci est une autre histoire.
Je vous laisse y penser et peut être pourrons nous partager ensemble nos expériences sensorielles.
La question posée est : que buvez vous lorsque vous écoutez de la musique? Quelle boisson avec quelle musique?

Champagne et Nuits-Saint-Georges 2002

De notre côté, nous avons fait nos devoirs et continuons à les faire… dans la joie et la bonne humeur, il faut bien que quelqu’un se sacrifie 🙂
Dans le prochain volet, Christophe Tassan ainsi que d’autres intervenants nous proposeront leur vision des choses en relation avec leur propre expérience de la dégustation de boissons en relation avec la musique.
Nous verrons s’il y a convergence.


La pensée du moment :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l’immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire.
[Confucius].


Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2012, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bon divertissement.

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