Une nuit un film de Philippe Lefebvre

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Richard Bohringer

Vendredi, c’est cinéma.
Paris by night aux côtés d’un flic de la mondaine. Visite guidée haute en couleur des nuits parisiennes, le tout en cinémascope, ça vous intéresse?

Je vous rassure, nous sommes au cinéma, confortablement installés dans notre fauteuil, mais aux premières loges de ce « polar » rondement mené.

Roschdy Zem
Roschdy Zem

Film français,
Réalisateur : Philippe Lefebvre,
Genre: policier,
Consultant: Philippe Isard, fut pendant treize ans commandant de la mondaine à Paris, secteur Champs-Elysées et 16eme,
Durée : 1 heure et 40 minutes,
Sortie dans les salles: 2012,
Distribution: Roschdy Zem, Samuel Le Bihan, Sara Forestier, Grégory Fitoussi, Richard Bohringer,…

L’histoire

Le scénario est « inspiré de faits réels », mais … jusqu’à un certain point, car quelques scènes sont librement interprétées par le réalisateur pour les besoins de son film. De plus, je ne crois pas qu’un flic dans l’exercice de ses fonctions boive autant d’alcool en une nuit, ça ne se peut pas.

C’est un film sombre dans tous les sens du terme.

L’équipe technique a fait un travail remarquable, filmer de nuit n’est pas un exercice facile, loin de là. Le rôle des personnages montre bien l’âme sombre de l’humain.

Simon Weiss (Roschdy Zem), commandant à la Brigade Mondaine, entreprend, comme chaque nuit une tournée des établissements parisiens, bar, clubs, etc…

Pour cette nuit, il fait équipe à la dernière minute avec une jeune femme officier de police qui lui servira de chauffeur.
Simon tout comme 7 autres collègues, ont un pouvoir administratif discrétionnaire sur tous les établissements des nuits parisiennes, dont ils peuvent ordonner la fermeture. Imaginez, la tentation est grande d’accepter de se faire soudoyer, ils sont de fait la cible de l’IGS, l’inspection Générale des Services.

Simon s’est également lié d’amitié avec un truant local, fiché au grand banditisme, qui s’est reconverti dans les clubs, restos et bars.
Cette situation est délicate, il le sait et se doute que la surveillance dont il fait l’objet en bas de chez lui n’est pas un hasard.

Flic solitaire mais loin d’être idiot il sent le piège se refermer, il va devoir composer au fur et à mesure que la nuit avance vers le fatidique petit matin… la suite, c’est à vous de le découvrir.
Les images sont forcément sombres, mais dans l’ensemble l’équipe technique s’en est très bien sorti.

Un peu d’histoire

Roschdy Zem n’en est pas à son premier film. Cet acteur possède une sorte de charisme naturel qui lui vaut de tourner à la fois les flics et les voyous.
Je ne saurais trop vous conseiller de voir les films: Ma petite entreprise, À bout portant et Go Fast.

Richard Bohringer
Richard Bohringer

Richard Bohringer, apparaît dans un rôle secondaire, mais quel belle gueule d’acteur. On lui doit un livre intitulé: « c’est beau une ville la nuit » paru en 1988 où il se livre un peu et dévoile ses penchants pour la drogue, l’alcool, ainsi que ses déboires financiers.

C’est tout un personnage, il a plusieurs dizaines de rôles dans de très bons films: « Diva » de Jean-Jacques Beineix, « L’Addition » et « Le Grand Chemin » en 1987, « J’ai épousé une ombre » en 1982, Subway de Luc Besson en 1985, « Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » de Peter Greenaway en 1989 (j’adore), « Une époque formidable » de Gérard Jugnot en 1991, « Les Caprices d’un fleuve » de Bernard Giraudeau (un de ses fidèles amis), … Mais son état de santé l’a éloigné des plateaux de cinéma durant une certaine période, c’est donc une grande chance de le voir à nouveau dans ce film « Une nuit », il apporte le petit plus qui donne du caractère au film.

Sa fille, Romane, est également une artiste accomplie, autant au cinéma qu’au chant.

Grégory Fitoussi est un nouveau venu dans le paysage du cinéma français, il campe ici un avocat de truants qui nage entres deux eaux, mais il a déjà campé des rôles différents, comme dans le film « Mince alors! » de Charlotte de Turckeim sorti en 2012 et qui est une belle petite comédie, que je vous recommande chaudement de voir.

Sara Forestier
Sara Forestier

Sara Forestier, est un petit peu plus connue. Elle a joué notamment dans « Le Nom des gens » de Michel Leclerc en 2010, « Gainsbourg, vie héroïque » de Joann Sfar où elle incarnait France Gall et quelques pièces de théâtre.

Samuel Le Bihan
Samuel Le Bihan

Samuel Le Bihan, lui aussi est un comédien accompli. Il sait tout jouer, de la comédie au drame. Je vous invite à découvrir si ce n’est déjà fait quelques uns de ses films: « Le cousin » de Alain Corneau en 1997, « Jet Set » de Fabien Onteniente en 2000, Le Pacte des loups de Christophe Gans en 2001, Trois zéros de Fabien Onteniente en 2002 (une comédie dans le monde du football), Mesrine de Jean-François Richet en 2008.


Conclusion

« Une nuit » est un film avec une atmosphère intense. Pour les non initiés des nuits parisiennes et du danger qui guette les policiers dans l’exercice de leurs fonctions, c’est un bon moyen de voyager au cœur de la capitale, la nuit. Vous y verrez les cabarets les plus en vogue, Le Hustler (rue de Berri), le VIP (rue de Rivoli), le Café Carmen (rue de Douai), le Magnifique (rue de Richelieu), l’Amnesia (rue de l’Arrivée). Plus quelques bars, si le cœur vous en dit.

Trois quartiers se partagent les faveurs de la nuit à Paris: la Bastille, assez populaire, les Champs-Élysées, où on peut croiser « Le-Tout-Paris» des artistes, des gens d’affaires et des politiciens qui s’encanaillent comme les autres, et enfin Pigalle, plus « chaud » avec ses spectacles érotiques et travestis.

Pour l’avoir vécu, la traversée de Paris la nuit de minuit à 6 heures du matin est un exercice fascinant. Cette ville a quelques chose de singulier à mesure que la nuit tombe on a le sentiment que certains de ses habitants se transforment.

L’ambiance est plus glauque que dangereuse à condition, comme au zoo, de ne pas entrer seul dans la cage aux fauves ou mettre la main là où il ne faut pas. Les couches sociales finissent par se confondre pour ne former qu’un magma d’humains confrontés à leurs pulsions et leurs vices.

Roschdy Zem est intime avec son personnage, imprégné de sentiments aussi variés que l’abandon, la lassitude, la colère, la trahison, la solitude, le calcul, la stratégie mentale, … une homme dans tous ses états, qui doit garder son sans froid pour déjouer le piège. À un moment donné, le scénario est bien fait, on partage le même sentiment que le policier, il sait ce qui se trame, mais n’en fait rien.

Un film puissant sur le plan intensité de l’atmosphère, à la limite du huis clos, et porté à bout de bras par un Roschdy Zem en pleine possession de ses moyens pour ce rôle sur mesure. Ce film fera date dans l’histoire du cinéma français, c’est ce que j’appelle un bon polar.
Je vous souhaite un très bon moment de cinéma.


La pensée du moment.

Ce que nos grands parents nous ont dit est la pure vérité. Tu recevras toujours ce que tu souhaites aux autres.
Être heureux n’est pas une affaire de destin, c’est une affaire d’options ou de choix.


Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2013, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bon divertissement.

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