Vous trouverez bons nombres de sujets sur l’acoustique qui traitent du sol, des murs, mais rarement du plafond, et pour cause, c’est certainement l’endroit auquel on pense le moins, du fait qu’il nous passe au dessus de la tête.
C’est aussi la partie d’une pièce qui est la plus difficile à atteindre et par voie de conséquence, encore moins facile à traiter.
Pour illustrer la pratique, nous avons pris comme exemple notre salon d’écoutes, qui se trouve au sous-sol d’une maison Québécoise (Canada) des années 1955, type cottage à deux étages, et dont la hauteur sous plafond n’excède pas 2,05 mètres, ce qui constitue un standard de l’époque, et représente quelques milliers d’habitations au pays.
Depuis, les sous sol sont à hauteur libre, entendez par là de 2,4 mètres à 3 mètres de hauteur.
Ceci dit, ce qui suit est valable dans tous les cas, soyez à l’aise, notre objectif est de rendre accessible au plus grand nombre le traitement acoustique; nous vous avons souvent répété que créer du relief dans une pièce est bien plus que salutaire, et bien, le traitement du plafond s’inscrit dans le même esprit, sauf que dans le cas présent, il s’agit d’un exercice un peu plus complexe, mais à la portée de bon nombres de citoyens habiles de leurs dix doigts.
La structure est faite de bois sous forme de solives de 19 cm / 5 cm et espacées tous les 56 cm environ à plus ou moins 1 cm.
Notre pièce à la base aurait pu être celle d’une chambre d’enfant, le plafond étant fini par des plaques de gypse, comme les murs, avec un garde-robe au fond et une fenêtre.
Il aura fallu déplacer la conduite d’évacuation d’eau du bain tourbillon située juste au niveau des diffuseurs arrière.
Le but de l’opération a consisté à retirer proprement le gypse, en laissant tout autour de la pièce un rebord de quelques cm pour permettre de replacer le système de ventilation centralisée et de créer un relief supplémentaire.
Pour ce faire, nous avons utilisé un cordeau, puis découpé en ligne droite la partie à retirer, c’est à dire tout le centre.
Cette opération terminée, l’ossature de lattes de bois apparaît.
Il nous reste à retirer une à une les anciennes lattes, puis de vérifier qu’aucun clous ou vis ne subsistent sur les solives.
Nettoyage des solives avant la pose de nos lignes de bois délimitant l’angle de fixation de la nouvelle structure.
Nous avons pris appuis toujours sur la même face, afin de créer une sorte de vague inclinée vers la zone d’écoute.
Cependant vous noterez que chaque angle est spécifique d’une solive à l’autre, ceci pour favoriser la hauteur variable, pourquoi se priver de cet atout, au point où on en est c’est un simple « détail », mais qui peut se révéler plus intéressant qu’il n’y paraît, c’est la raison pour laquelle, nous y avons pensé dés le début, ce n’est pas le genre de « détail » dont il faut se rendre compte une fois le travail terminé …
Nous en profitons pour compléter un travail d’isolation thermique, côté du mur extérieur, avec de la laine de verre type R20.
Une fois les supports horizontaux de bois vissés sur chaque solive, nous installons nos supports verticaux, qui vont recevoir la finition en nous donnant l’angle choisi.
Pour cela nous avons utilisé du ply wood (contreplaqué Russe) de 1,2 cm d’épaisseur / 6,5 cm de large, très robuste en alternance tous les 78 cm avec du bois plus « mou » en l’occurrence du pin.
Vous l’aurez compris le but est de contrôler la structure finale sans pour autant que ça génère de vibrations parasites, le plafond ainsi construit, va se comporter comme un résonateur de Helmotz géant, sauf qu’il n’est pas accordé, nous en sommes bien conscient, d’où l’importance de ne pas ni trop rigidifier, ni trop relâcher de pression.
Vous noterez également que chaque latte reçoit un renfort intérieur, pour éviter autant que faire se peut le phénomène de « spring », de ressort.
La cale de bois est coupée dans le même angle et vient se fixer à la charpente et sous chaque latte par deux vis à bois, laquelle cale est assortie d’un joint de type silicone, pour nous assurer d’une parfaite liaison de couplage, charpente, latte de structure et finition en cèdre.
J’ai volontairement porté mon choix sur du cèdre pour la conception finale du plafond, ce bois a plusieurs avantages, dont celui d’être relativement léger, facile à travailler et avec une odeur agréable, sa densité se rapproche de celle du plâtre, donc c’est parfait pour son usage final.
J’aime le bois, n’en déplaise aux éternels grincheux …
Une fois cette étape terminée, on s’assure de la solidité de chaque latte qui doit recevoir la finition, on peut se suspendre sans qu’il y ait le moindre craquement ou torsion, c’est impeccable, nous sommes prêts à couper et jointer nos lattes de cèdre.
Cette étape est la plus facile, de plus on avance rapidement pour visualiser le résultat final, ce qui nous encourage.
Sur chaque bord de la pièce, la finition est en pin massif de 5 cm d’épais, cloué sur des tasseaux de bois franc à chaque solive.
Deux ouvertures sont pratiquées pour recevoir l’entrée et la sortie du système de ventilation à recyclage d’air.
Reste a réaliser une finition intérieure entre les lattes de cèdre et la solive, nous avons donc utilisé une latte coupée sur chaque bord à 45° qui vient former une cassure de l’angle et ainsi contribuer à la diffraction des ondes sonores.
Aucun angle à 90° ne subsistent au niveau du plafond, pas même les deux angles formés par le mur en arrière des enceintes, puisque nous allons y installer des bass corner.
Le résultat est que la pièce « respire », on ressent un mieux être évident, l’effet des vagues au plafond nous apporte une perspective différente, en terme de pyscho-acoustique notamment.
Au niveau du son, c’est vivant, mais non coloré, aucun signe de ce côté là, on a le sentiment qu’aucun contraste négatif ne vient perturber l’écoute, c’est naturel.
Notre but est atteint en 4 jours à deux personnes.
Pour mémoire voici notre pièce avant :
La voici maintenant :
Au plaisir de vous accueillir pour une écoute, si vos pas vous conduisent par chez nous.
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Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2007, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bonne journée et bonnes écoutes.
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