Secret défense un film de Philippe Haïm

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Secret Défense un film de

C’est vendredi, et comme le veut la tradition, c’est aussi le moment cinéma.

Film français,
Réalisateur : Philippe Haïm,
Genre: Espionnage drame policier,
Sortie dans les salles: 2008,
Durée: 100 minutes.

Distribution:
Gérard Lanvin est Alex le chef de mission au sein des services secrets français,
Vahina Giocante incarne Diane l’étudiante et Lisa la prostituée,
Nicolas Duvauchelle joue Pierre qui deviendra Aziz,
Rachida Brakni est Leïla du service de renseignement et Chadia lors de sa mission,
Simon Abkarian est le libanais Al Barad,
Catherine Hiegel est la mère de Pierre,
Mehdi Nebbou est Amed des services secrets français.

L’histoire

Philippe Haïm nous dresse un portait façon puzzle de multiples personnalités au parcours différent mais qui pourtant ont un lien commun. On y voit comment son cooptés les futurs agents de la DGSE, les services de renseignements français. Encore connu sous le nom de La Direction générale de la sécurité extérieure. Un service qui est né de la fusion avec l’ancienne DST.

La missions de la DGSE est régie par les articles D 3126-1 à D 3126-4 du Code de la défense, qui stipulent, je cite le texte officiel: Que le Service a pour mission, au profit du gouvernement et en collaboration étroite avec les autres organismes concernés, de rechercher et d’exploiter les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d’entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage dirigées contre les intérêts français afin d’en prévenir les conséquences.

En un mot, le contre-espionnage.
Dans ce scénario, Alex est le chef de mission à la DGSE, mais ça on ne le sait pas tout de suite. Ce que l’on sait en revanche c’est que Diane l’étudiante est aussi Lisa, une prostituée occasionnelle qui va rencontrer sans le savoir des gens plus influents qu’il n’y paraît. Que (Nicolas Duvauchelle) Pierre deviendra par la force des choses Aziz, une personne pommée qui va se faire manipuler par des plus malins que lui et qui s’embarquera pour une cause qui n’est même pas la sienne.
(Simon Abkarian) qui incarne le libanais Al Barad, et bien c’est le méchant, on s’en serait douté.
Le recrutement débute sans que personne ne soit vraiment au courant des tenants et aboutissants, puis la formation des agents de terrain commence… c’est à compter de cet instant que la suite vous sera révélée en regardant le film 🙂


Un mot sur les comédiens

Gérard Lanvin fait parti de l’arrière garde du cinéma français. Un talent naturel l’a conduit un jour a faire du cinéma, sa rencontre avec le regretté Coluche sera l’amorce de sa carrière.
Gérard n’a pas sa langue dans sa poche, comme nous avons pu le constater lors d’une conférence de presse où il dénonce l’absurdité du gouvernement français à faire fuir ses personnalités.
Lanvin, c’est avant tout une gueule et un franc parlé.
Sa filmographie est impressionante, mais je vais essayer d’être bref et ne parler que des films que j’ai eu l’occasion de voir:
En 1976 il joue dans « L’Aile ou la Cuisse » de Claude Zidi, « Le Choix des armes » d’Alain Corneau en 1981, « Tir groupé » en 1982 de Jean-Claude Missiaen, « Le Prix du danger » en 1983 d’Yves Boisset, « Ronde de nuit » de Jean-Claude Missiaen et « Marche à l’ombre » de Michel Blanc en 1984, « Les Spécialistes » de Patrice Leconte en 1985, « Les Frères Pétard » de Hervé Palud en 1986, « Le Boulet » d’Alain Berbérian et Frédéric Forestier aux côtés de Benoît Poelvoorde, une comédie hilarante, « 3 zéros » de Fabien Onteniente en 2002, « Envoyés très spéciaux » de Frédéric Auburtin avec Gérard Jugnot, Omar Sy et Valérie Kaprisky, une comédie à ne pas manquer, « À bout portant » de Fred Cavayé en 2010, là il ne joue pas un gentil, « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal, inspiré d’une histoire vraie inspirée des mémoires d’Edmond Vidal, si vous aimez le cinéma de Marchal, c’est un incontournable.

Vahina Giocante, d’origine Corse par son père, elle en a conservé le tempérament. Elle débute au cinéma avec « Marie, Baie des anges » de Manuel Pradal en 1997, « 99 francs » de Jan Kounen en 2007 aux côtés de Jean Dujardin. De part son physique elle a souvent joué des rôles de filles sensuelles. dans « Secret défense » elle démontre aussi des aptitudes pour les situations dramatiques.

Nicolas Duvauchelle, me fait étrangement penser au regretté Patrick Dewaere dans son style, la façon dont il aborde son rôle, ses attitudes, sa façon de se déplacer, de parler, son regard à la fois doux et profondément torturé… beaucoup d’analogies me viennent en mémoire.
Nicolas est certainement né avec l’option comédie dans ses gènes. Même quand il ne parle pas, son corps et l’expression de son visage en disent long sur le message qu’il a à passer.
Il sait se montrer déjanté au possible et passer au calme réfléchis; Être doux comme un agneau et brusquement exploser tel un diable d’une boite à surprise, sans que cela paraisse, tout un personnage et un comédien accompli, je vous le dis.
Souvenez vous, il a joué son premier rôle dans « Toto le héros » de Jaco Van Dormael nous étions en 1991, « Les Corps impatients » de Xavier Giannoli en 2003, « Hell » de Bruno Chiche en 2006, « White Material » de Claire Denis en 2009, un film violent d’une rare puissance, il partage l’écran avec Isabelle Huppert et Christophe Lambert, « La Fille du puisatier » de Daniel Auteuil et « Polisse » de Maïwenn en 2011.

Rachida Brakni a commencé sa carrière au théâtre, elle est l’épouse de Eric Cantona, l’ex footballeur reconverti dans le cinéma. Rachida a tourné dans « Chaos » de Coline Serreau, « Comme un avion » de la regrettée Marie-France Pisier, « Une affaire d’état » un film de Éric Valette, « Secret défense » de Philippe Haïm aux côtés de Gérard Lanvin.

Simon Abkarian, que l’on a vu dans « Casino Royale » de Martin Campbell en 2006 aux côté de Daniel Craig, Simon est capable de jouer les « gentils » comme « les méchants » du fait de sa stature et de ses origines, c’est un comédien né. On l’a vu aussi dans « La Vérité sur Charlie » de Jonathan Demme en 2003, « Chacun cherche son chat » de Cédric Klapisch en 1996, « Tête de turc » de Pascal Elbé en 2010.

Catherine Hiegel, est d’une rare puissance lorsqu’il s’agit d’exprimer un sentiment, elle le démontre une fois de plus dans ce film où pourtant elle ne tient pas un rôle majeur, mais sa présence apporte beaucoup. Son jeu d’une grande intensité, contribue d’une certaine façon à porter l’action tout au long du film.
Elle a débuté sa carrière au théâtre dans notamment « Le Malade imaginaire » de Molière, mise en scène Robert Manuel en 1969. Sa carrière est jonchée de succès, sa filmographie tout comme ses apparitions sur les planches, est impressionnante.
Je me souviens de sa participation dans les films: « Les Keufs » de Josiane Balasko en 1987, « La vie est un long fleuve tranquille » d’Etienne Chatiliez toujours en 1987, un film qui est entré dans la liste des grands classiques du cinéma français, « Ma vie est un enfer » de Josiane Balasko en 1991 aux côtés de Daniel Auteuil et Josiane Balasko, une comédie hilarante je vous le conseille, « Gazon maudit » de Josiane Balasko en 1994, très bonne comédie également.
Bref, vous l’aure compris, c’est une comédienne accomplie.

Mehdi Nebbou, que l’on a vu dans « Forces Spéciales » est lui aussi tombé dans le chaudron de la potion magique, c’est une extraordinaire comédien qui vient renforcer la nouvelle génération, il représente la relève. Je l’ai beaucoup apprécié dans « Ca$h » d’Éric Besnard en 2008 et « Mince alors! » de Charlotte de Turckheim en 2012, deux comédies distrayantes et finement jouées.


Conclusion

Attendez vous à quelques scènes « choc » qui ponctuent le film dans son ensemble. Mon copain Claude, grand amoureux des chiens bergers Allemands, ne va certainement pas aimer la scène avec le chien… mais c’est du cinéma tout ça 🙂
Un autre bon film du genre qui nous laisse songeur quant aux méthodes employées, mais comme on le dit souvent, seul le résultat compte.
De cette toile d’araignée, j’en retire un mélange de sentiments bizarres, car c’est tout à fait crédible.

On y voit la manipulation du côté DGSE ainsi que du côté des tyrans. Je note que le déroulement de l’histoire autour du lavage de cerveau de ce pauvre Pierre qui deviendra Aziz, c’est assez prévisible, mais saisissant sur le plan atmosphère et intimité avec le mental du personnage.

Il est clair que cette personne rejetée par sa mère, sans amis, va succomber facilement aux affres de la prison, qu’il est pris pour cible pour un dessein bien différent de ce que ses « frères » vont lui faire miroiter.

Quand une personne n’est plus rien et qu’on lui offre de devenir quelque chose, elle va l’accepter. Par dépit, par lassitude, par abandon de soi, va savoir. Des gens comme ça il en existe partout sur la planète et le plus triste, c’est que ce sont généralement des gens intelligents, qui n’ont en fin de compte pas eu de chance.

La façon dont est recrutée Diane l’étudiante est très bien élaboré.
Nous avons aimé le rythme des scènes, le charisme des personnages, l’histoire pas mal articulée si on tient compte de la complexité du scénario. Il y a quelques redondances et des incohérences, mais si minimes, que l’on s’en affranchit.
Ce film au delà de nous avoir plu est digne de figurer dans votre médiathèque; encore un bon film français, personne ne s’en plaindra.
Je vous souhaite un très bon moment de cinéma.


La pensée du moment.

Ce que nos grands parents nous ont dit est la pure vérité. Tu recevras toujours ce que tu souhaites aux autres.
Être heureux n’est pas une affaire de destin, c’est une affaire d’options ou de choix et donc, l’avantage d’être honnête et droit, c’est qu’il n’est pas nécessaire de revenir sans cesse sur ce que l’on a écrit, dit ou fait pour se forger une réputation.


Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2013, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bon divertissement.