Les Bleus de l’âme

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Enrique Seknadje es-bleus-de-l'âme
Premier album pour Enrique Seknadje

Cette semaine je vous propose de découvrir Enrique Seknadje, auteur, compositeur et interprète, écrivain à ses heures, un artiste francophone qui vient de sortir son premier disque.

Au sujet de « Les Bleus de l’âme »par Enrique Seknadje

Tout est déjà dans le titre …
Une qualité d’enregistrement au dessus de tout soupçon, des textes et mélodies qui alternent entre tragédie, émotions, lettre ouverte à la frontière de la Vie et de l’au dela, un partage intime de ses expériences personnelles, parfois teintées de légèreté et d’humour, poétique sans l’ombre d’un doute, ce jongleur des mots est une sorte de Nougaro réincarné, mais à la sauce new wave, un homme élégant et raffiné à l’image de Bryan Ferry sa muse, un autre dandy lui aussi, un poète qui séduit par sa verve et son attitude.

Enrique a certainement été influencé par ses pairs comme tant d’autres avant lui, mais sa personnalité est affirmée, il a dû mettre du cœur à l’ouvrage et beaucoup de lui même pour se livrer à nu dés son premier album, signe d’engagement et de détermination, ses mots font mouche et touchent le cœur et la sensibilité des femmes et des hommes qui en possèdent encore un peu.

J’aime les premières fois, c’est toujours puissant, intense, court sur le temps, mais on n’oublie jamais, … jamais.
Alors, je vous invite à découvrir le personnage dont la plume agile est à l’origine de ce disque.

Enrique Seknadje, c’est votre vrai nom?

Oui. Pendant quelques années, j’ai utilisé le pseudo de Nightflight qui me plaisait bien, pour la musique, mais finalement j’ai décidé de complètement assumer mon travail.

Comment vous présenteriez vous à nos lecteurs?

J’aime la musique, le cinéma et les femmes !
Je me sens curieux et artiste… Cela dit en toute humilité.
A la fois joyeux et plein de mélancolie.

Quelles sont vos origines?

Le pourtour méditerranéen. Pour citer quelques pays : Algérie, Grèce, Turquie, France… Je suis né en Belgique !!!
Mon prénom vient de l’hommage que voulaient rendre mes parents à nos très ancestrales origines espagnoles…

Est ce que « Les bleus de l’âme » est votre premier album?

Oui, absolument. Mais pas le dernier, j’espère !

D’où tirez vous votre inspiration?

De mon vécu plus ou moins immédiat.
De mon imagination et de mes fantasmes. De tout ce que j’ai emmagasiné depuis des années en matière de musique, de littérature, d’images…
J’ai mis beaucoup de moi-même dans ce disque. Je me suis investi et j’ai investi pour le réaliser ! Je me suis livré et quelque peu mis en danger… d’où l’allumette à ma bouche sur la photo de la pochette.

6 titres et un point commun, le sérieux des sujets abordés, ce disque est il plus qu’un simple désir d’expression?

Oui et non. C’est un travail artistique, mais qui est en même temps l’expression et le témoignage d’un moment de ma vie très douloureux qui, paradoxalement, m’a permis de faire littéralement jaillir dix morceaux que j’ai écrits, composés, arrangés… et dont six se retrouvent sur ce disque.
Ce sont cristallisés une douleur fertile, et des éléments qui étaient en mon esprit depuis fort longtemps et qui attendaient le bon moment pour « sortir »…

Ce disque est il un cri de l’âme?

Un peu beaucoup, si je peux me permettre.
Un morceau comme « A mon père » est assurément l’équivalent d’un cri de désespoir, et d’amour… Mais ce cri s’est transformé positivement en un acte cathartique m’ouvrant les voies d’un avenir que j’espère des plus heureux …
Dans cette chanson, je déclare à mon père que je ne l’ai pas aimé comme il aurait fallu, comme je pense maintenant que j’aurais dû l’aimer… et désormais, je me sens en paix… je l’aime au-delà de sa disparition d’une manière qui me convient.
J’ai hérité de lui, je pense, son amour du chant … et c’est parce qu’il portait de temps en temps un chapeau que j’en porte un sur la photo de la pochette.

Parlez nous de Mike Garson, qui est il pour vous, votre complicité est évidente?

C’est un pianiste extraordinaire que David Bowie a utilisé pour « Aladdin Sane ».
Sur un coup de tête, j’ai contacté son agent et proposé deux morceaux.
Mike a écouté et a donné son accord pour une collaboration. Le travail s’est fait à distance, mais un « courant » évident est passé.
Je lui ai donné carte blanche pour créer ses lignes de piano sur mes morceaux que je lui ai envoyés déjà orchestrés – morceaux dont il n’a cependant pas trahi l’esprit – et j’ai ré-enregistré ma voix, fait ré-enregistrer certains instruments pour m’adapter à elles.
Mike Garson est un très grand musicien et un homme très généreux et positif.

Il m’a écrit ces quelques lignes qui m’émeuvent : « Working long distance with an artist can be difficult but working with Enrique was a pleasure and the music we made on these few tracks communicates a lovely aesthetic vibe that I’m proud of ». Mike Garson

Pourquoi seulement 6 titres dans cet album, ce la pourrait être pris pour un demi album?

Oh c’est plutôt ce que l’on appelle un E.P.
Les circonstances de la vie et de l’enregistrement ont fait que j’ai voulu « boucler » les choses plus vite que je ne l’aurais fait en enregistrant les 10 morceaux que j’avais en « magasin ».
Je le regrette un peu maintenant, mais ce qui est fait est fait !

Combien de temps a demandé la réalisation de cet album?

Très difficile à dire car le travail a été étalé dans le temps… Trois-quatre mois en 2006 pour la création de dix titres.
Deux jours en 2007 pour une démo de ces morceaux. Peut-être un laps de temps de six mois en 2009 pour l’enregistrement définitif de six titres en studio. Mais pas six mois de travail à temps plein, loin de là !

6 titres dans cette première production

Quels sont les moyens mis en œuvre à sa réalisation?

C’est une autoproduction. Il y a donc un financement personnel. Pas excessif, mais « réel »…
Des pistes reprises sur le séquenceur sur lequel j’ai travaillé et enregistré les pistes de piano de Mike Garson.
Un batteur qui est venu jouer et enregistrer sur cinq des six morceaux.
Mon ingénieur du son qui est multi-instrumentiste a assuré en studio des parties de guitare, de basse et de claviers.

J’en viens au côté technique du son.
Première impression à l’écoute de votre album, ça sonne juste et « propre », êtes vous attentif à ce point à la qualité de l’enregistrement et du mastering?

C’est le goût du travail bien fait, un certain et relatif perfectionnisme.
Le fait, à la fois dû au travail, aux relations positives, et à la chance, d’avoir trouver des collaborateurs pour qui le mot musique veut dire quelque chose : sensibilité, expérience ET spontanéité, précision.

Enrique SEKNADJE, artiste

J’ai le sentiment que vous aimez jouer avec les mots, est ce exact?

Oui. J’essaie de me modérer pour ne pas tomber dans les travers d’un Gainsbourg, mais oui… De ce point de vue, il est essentiel pour moi d’avoir écrit en français, ma langue maternelle… même si j’ai toujours écouté principalement de la musique anglo-saxonne.
Les associations de mots relèvent du jeu mais aussi de réalités que je pense aussi plus profondes et nécessaires…

Première pièce musicale, j’ai vraiment eu le sentiment d’entendre Plastic Bertrand, je ne suis pas le seul, avez vous une explication?

Effectivement vous n’êtes pas le seul. Cela semble patent dans le morceau « Ne me laisse pas tomber ».
Ce n’est pas voulu. Je n’ai pas cherché à le copier. Par contre ce qui est voulu et recherché c’est de tordre un peu les mots, de les faire « sonner ».
On m’a parfois reproché un certain maniérisme. J’en suis fier !
Je pense travailler sur le langage, les mots, à la manière des anglo-saxons. Les Français ou francophones ne le font pas ou peu.
Le rapprochement avec Plastic Bertrand ne me gêne pas.
De toute façon il est évident que son univers et le mien n’ont pas grand chose à voir.
Je pense avoir travaillé dans une direction similaire sur le morceau « Les Bleus de l’âme », mais là en cherchant consciemment à trouver un style vocal et prosodique proche de celui de Bryan Ferry.

Il y a du Bashung dans votre style, en êtes vous conscient?

Non, je ne me l’étais jamais fait dire. Je le prends comme un grand compliment.
Peut-être est-ce dû à un jeu commun entre la gravité et un certain humour distant. Egalement, probablement, un travail poétique et ludique comparable sur les textes… Ce dont vous parliez tout à l’heure…
L’amour du « noir » et des chapeaux ? (rires).
Il nous manque.

J’entend également des influences de Etienne Daho, suis je dans l’erreur?

Là non plus je n’y avais pas pensé, mais c’est assez juste à bien y réfléchir.
Le dandysme. Un certain esprit juvénile, au-delà de l’âge réel. Le fait aussi que nous avons des influences communes comme le Velvet Underground ou David Bowie.

J’arrête là les analogies, car votre style vous est propre, on ne parle ici que d’influence, pas de copie, mais au fait, quelles ont été les artistes qui vous ont influencés?

Je ne me suis jamais remis de la découverte que j’ai faite dans ma jeunesse des artistes suivants : David Bowie, Iggy Pop (les Stooges), Lou Reed (Velvet Underground), T.Rex, Bryan Ferry (Roxy Music), Magazine, Johnny Thunders…
Pour ce qui est plus récent, je citerais : Portishead, Massive Attack, Underworld…
Mais cela ne veut pas dire que toutes ces musiques, tous ces styles se retrouvent dans ma musique.
Celle-ci est à mille lieux de celle des Stooges ou des Heartbreakers de Johnny Thunders ! Les noms cités le plus souvent à l’écoute de mon disque sont : David Bowie, Bryan Ferry, Brian Eno…

Etes vous attaché aux instruments acoustiques, plus qu’à l’électronique?

Théoriquement, je suis davantage attaché aux instruments acoustiques.
Pour ce disque « Les Bleus de l’âme », nous avons cependant utilisé pas mal de pistes de mon travail de composition sur séquenceur. C’est d’ailleurs ce qui donne cette touche New Wave évidente à la plupart de mes morceaux.
Mais je suis très fier de ce « A mon père » épuré : piano et violoncelle pour accompagner la voix…

Avez vous réalisé un rêve ou simplement franchi une étape dans votre vie d’artiste?

Les deux.
Quand j’étais jeune adulte, je jouais dans un groupe de rock que j’ai quitté au bout de quelques années difficiles. Il s’agit donc, avec « Les Bleus de l’âme », de l’accomplissement d’une certaine « revanche ».
Mais c’est une étape, car je compte bien ne pas m’arrêter là… Je veux continuer à créer et à me battre pour faire entendre ce que je crée…

Quel est le public que vous visez?

Oh là, là, quelle question ! A priori le public qui partage mes goûts, notamment musicaux… Mais tout le monde est le bienvenu !!!
Le choix que j’ai fait et qu’il m’a été conseillé de faire est de jouer sur mon côté touche-à-tout, artiste multimédia… Pour dépasser le milieu très fermé et conformiste de la musique rock et populaire… Je vise donc un public cultivé et averti, qui aime bien le mélange de la musique et de l’image… qui apprécie la polyvalence…

Auront nous le plaisir de vous voir sur scène?

Dés les premiers mois de l’année 2011, je commencerai la scène sur Paris et dans la province – pas trop éloignée de Paris.
Ce sera filmé j’imagine, donc des vidéos seront visibles… a priori sur Youtube.

Quels sont vos objectifs?

Réaliser des clips pour les six morceaux de mon disque, de manière à construire un « film musical ». La création de plusieurs clips est déjà en cours…
Préparer, en 2011, un second album.

Avez vous des rêves à combler?

Continuer à écrire des livres – j’ai déjà publié sur Roberto Rossellini, David Bowie et David Lynch-, à écrire et composer de la musique, à réaliser un court métrage de fiction poétique et mes clips qui sont en projet.

Enrique Seknadje-Askénazi, « Roberto Rossellini et la Seconde Guerre mondiale – Un cinéaste entre propagande et réalisme », L’Harmattan, 2000.

Enrique Seknadje, « David Bowie – « Le Phénomène Ziggy Stardust » et autres essais », Camion Blanc, 2009.
Enrique Seknadje, « David Lynch – Un cinéma du maléfique », Camion Noir, 2010.

Comment décririez vous votre style?

Je définirais ma musique de cette façon : « Pop-rock mélodique à l’anglaise – mais chantée en français ».

Si nous devions vous offrir quelque chose, qu’est ce que ce serait?

Du temps, pour réaliser tout ce que je veux faire ! (rires)

Le mot de la fin vous appartient, vous êtes face à nos lecteurs (trices)

Je vous dis simplement : « A bientôt »… J’espère !
Et mon souhait altruiste favori : « Soyez heureux » !

Premier disque

 


Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2010, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.

Bonne journée et bonnes écoutes.