Parlons musique en mode analogique, si vous le voulez bien.
Nous allons partir du principe que nous n’avons pas encore installé quoi que ce soit au bout du bras de lecture de notre platine analogique.
C’est un sujet que nous avons instruit en 2010 et qui refait surface en 2011, suite à une soudaine inspiration de ma part, l’analogique me titille.
Signe des temps, rien ne change fondamentalement, tout se modifie, se transforme, s’adapte à de nouveaux comportements, mais chose certaine, la reproduction de musique telle que nous la connaissons depuis déjà plusieurs dizaines d’années n’a pas pris une ride et ne semble pas prête de s’éteindre.
Je parle bien évidemment de la musique reproduite via les disques vinyls.
Pourquoi?
La simplicité d’utilisation associée à une gestuelle qui s’apparente souvent à la préparation du thé en Orient, le résultat sonore qui est certes coloré et parfois emprunt d’une qualité variable, mais qui rallie tous les suffrages, à tel point que l’on peut se demander si la perfection ne se cacherait pas en arrière de l’imperfection volontaire.
L’arrivée soudaine des serveurs de musique, servie en mode dématérialisée, n’est pas près de détrôner nos bonnes vieilles habitudes, que ce soit d’introduire un CD dans son logement ou déposer délicatement un vinyl sur son plateau, il faudra que les manufacturiers nous concoctent autre chose de plus convaincant ou du moins, plus « user friendly » et performant, mais ceci est une autre histoire que je vous conterais à l’occasion.
De vous à moi, la lecture en mode analogique me fascine sur bien des points, en particulier celui de l’architecture, l’usinage de certaines pièces, la conception du bras de lecture et l’incommensurable liste de cellules, sans parler des ajustements possibles et imaginables, c’est de ce dernier point dont nous allons nous entretenir aujourd’hui.
Vous constaterez que c’est tout un art de bien ajuster une table analogique; tout a son importance, à tel point qu’un simple degré sur le pivot peut détruire le bel équilibre tonal et que dire de l’azimut de la cellule.
Ce jeu d’équilibriste n’est pratiqué que par des puristes, dont la principale tâche durant ces 30 dernières années a été de comprendre le fonctionnement de leurs appareils, j’ai la chance d’en connaître quelques uns.
C’est mon copain Claude qui a accepté de « s’y coller » en premier.
Pour information, ce disque est une réalisation « Custom » pour le magazine, à partir du génial système Vinyl Alignment Solution.
Au lieu d’utiliser un vulgaire plastique ou une feuille de papier, nous avons décidé de réaliser le disque en inox, avec notre cahier des charges.
Autant dire que la performance est de loin supérieure, et quand je parle de performance, je fais essentiellement allusion à la précision et la durabilité.
L’épaisseur que nous avons choisi est celle d’un disque vinyl 180g.
Ce disque remplace avantageusement un Pro Tractor, car il est plus précis, mais il est aussi plus complexe et plus long à utiliser.
Le système vient avec un programme informatique qui est une règle de calcul qui permet de trouver la position idéale de la cellule, aussi appelé Overhang.
Le fil est fixé au disque dans l’alignement de l’axe (pivot) du plateau avec l’axe du bras.
Ce que nous recherchons à obtenir, c’est de trouver la distance réelle entre le pivot du bras et le pivot du plateau.
Pourquoi?
C’est par ce procédé que l’on va parvenir à trouver les erreurs de tracking et les minimiser, même si on sait qu’il y en aura toujours un peu en résiduel.
Cette opération n’est pas vaine, il est fondamental de bien réaliser cette étape avant d’aller plus loin, il en va de la performance finale.
Tout est dans la précision des lectures pour avancer dans la bonne direction.
Après ça on va aller chercher le nombre de degrés, indications que l’on retrouve sur le pourtour du disque
L’angle idéal n’existe pas, c’est la règle de calcul en fonction des mesures que l’on vient de prendre qui une fois entrées dans le programme informatique, va nous proposer une suite de chiffres nous permettant d’approcher cet « idéal ».
Il faut s’y reprendre à quelques reprises pour améliorer la précision, à la fin, on fini par ne plus à avoir à bouger la cellule.
L’angle et l’Overhang nous indiquent la distance , soit 225,42mm, qui est la distance de montage calculée pour la cellule que nous sommes en train d’ajuster.
Le programme nous offre plusieurs possibilités d’ajustement d’Overhang, mais en réalité une seule est optimale.
Il faut choisir le Total Tracking Error, le plus faible, ensuite on replace la cellule selon les chiffres que nous venons d’obtenir et on recommence jusqu’à temps qu’il n’y ait plus de correction à apporter.
On approche le stade final, qui est d’avoir trouvé l’emplacement idéal de la cellule sur le bras, tout un contrat; ajuster une cellule correctement c’est un travail minutieux qui réclame patience et compétence.
Si vous n’avez rien des deux, faites le faire par un professionnel 🙂
Le Null Point est la place où la cellule sera parfaitement perpendiculaire au sillon.
Null Point à 128,3mm du pivot, dans notre cas.
Arrivé à ce stade, place aux écoutes 🙂
Conclusion
Nous sommes parvenus à une résultat intéressant, puisque les écoutes avant/après ont démontré un gain évident.
Réduction du bruit de fond et image stéréo plus profonde et plus large, donc influence sur la dynamique subjective.
Prochaine étape
Pour faire une suite logique à ce passage indispensable de l’ajustement d’une cellule, nous vous montrerons comment ajuster l’azimut et enfin parfaire les réglages fins, vous aurez alors une très bonne idée de ce que vaut votre matériel une fois arrivé à ces conclusions.
Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2011, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bon divertissement.
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