EHA Paris Rio New York
Une récente découverte musicale qui vaut le détour.
Ce qui suit devrait vous permettre de mieux faire connaissance avec les musiciens et vous inciter à découvrir leur musique.
Je me suis entretenu avec Philippe Coignet, guitariste, leader du groupe et du projet.
EHA signifie quoi?
C’est vrai, le nom du groupe est un peu intrigant et on me pose souvent la question. La réponse est sans doute décevante, EHA, qui se
prononce « é-a », ça ne veut rien dire, ça sonnait juste bien à mes oreilles.
Comment as-tu fait pour rassembler tous ces musiciens pour ce projet?
J’ai préparé l’enregistrement avec Leandro Aconcha, pianiste et claviériste exceptionnel, qui a joué et enregistré avec Didier Lockwood, Ibrahim Maalouf, David Soul, Viktor Lazlo, Idrissa Diop, Paco Séry et plein d’autres, et mon complice musical de longue date, quand les séances ont commencé chacun savait précisément ce qu’il avait à faire, il a aussi écrit les arrangements de cuivres.
Treize musiciens ont participé à cet enregistrement, certains que je connaissais de longue date, Leandro bien sûr, mais aussi Juan Manuel Forero et Mario Contreras, déjà présents sur les 2 premiers albums, j’avais joué avec Cacau De Queiroz et Minino Garay il y a pas mal d’années, on en avait gardé une amitié et une estime mutuelle, ce sont des musiciens qui ont une personnalité exceptionnelle tant sur le plan musical qu’humain, j’avais très envie de les retrouver sur ce nouveau projet.
Mike Stern et moi sommes amis depuis plus de 25 ans, après avoir écouté le premier album d’EHA, en 98, Mike m’a dit qu’il adorait et qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble, il joue sur 3 titres de Paris Rio New York, superbement comme toujours, je suis infiniment heureux qu’il soit avec nous, il donne une autre dimension à ma musique.
La rythmique initialement devait être Jamaaladeen Tacuma à la basse et G. Calvin Weston à la batterie, 2 grands musiciens de Philadelphie, mais c’était très difficile à organiser à cause de la distance et de l’emploi du temps de chacun, j’ai donc appelé Michel Alibo, qui me paraissait être le bassiste idéal pour ce projet, il est tout simplement l’un des plus grands bassistes de la scène Jazz et World actuelle, et il habite Paris.
C’est lui qui a branché Damien Schmitt, batteur de Jean-Luc Ponty, Alain Caron et bien d’autres, mais que je ne connaissais pas, je dois l’avouer. Les deux ensemble forment une rythmique fantastique, dont la créativité et la musicalité font oublier leur technique hors-normes, ils ont réellement apporté une couleur et son groove à l’album. C’est aussi Michel qui a amené Andy Narell, le maître des steel pans, qui apporte la touche si originale de son instrument et joue magnifiquement sur 2 titres.
Pour les cuivres, il fallait un trompettiste, un trombone et un tuba, Cacau a fait appel à ses amis Rubinho Antunes et Lionel Segui, j’ai fait leur connaissance le jour où ils sont venus enregistrer, quant à Sulaiman Hakim, on l’a croisé par hasard à 2 pas du studio, Michel Alibo et lui se connaissaient, un mois plus tard il était en studio pour la séance de cuivres.
Basse / batterie et les cuivres ont été enregistrés au studio Adima à Paris, Rubinho a complété ses parties de trompette chez lui à Saõ Paulo, Leandro Aconcha a enregistré ses claviers chez lui, même chose pour Andy Narell, mes guitares ainsi que toutes les percussions ont été faites chez moi, et Mike Stern a enregistré chez lui à New York.
Après, il a fallu rassembler un gros paquet de pistes et mixer, ça a été un énorme travail, dont s’est chargé Didier Zilliox, ingénieur du son et co-producteur de Paris Rio New York qui est aussi une sorte de voyage entre 3 continents comme son nom l’indique.
D’où as-tu puisé ton inspiration à l’écriture de ces compositions?
C’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre, tant mes influences sont nombreuses et diverses.
J’ai toujours écouté plein de musiques très différentes, musiques traditionnelles et musiques du monde, musiques classiques et contemporaine des 19ème et 20ème siècle, Rock, Soul, Blues, Reggae quand j’étais adolescent, Jazz et fusion un peu plus tard, mais j’ai aussi une oreille pour l’électro, la techno ou le rap, je ne rejette rien, il y a des choses géniales et d’autres qui le sont moins dans toutes les musiques.
Il y a aussi des étapes très différentes dans mon parcours, puisque parmi une multitude de groupes et projets j’ai été engagé comme guitariste ou bassiste par 2 groupes Chiliens et un groupe Jamaïcain, des expériences et un apprentissage très enrichissants.
Tout ça a bien sûr influencé mon écriture et fait que la musique d’EHA est assez inclassable.
Quant à l’inspiration qui aboutit à l’écriture d’un morceau, ça peut être une mélodie qui vient je ne sais d’où et reste dans ma tête, un son ou une pulsion rythmique qui m’accroche et va donner naissance à une musique, le bruit du vent dans les branches des arbres de mon jardin ou une lumière solitaire au loin dans la nuit, en somme c’est un peu mystérieux …
Le son est quand même globalement bon, mais la basse manque de punch et semble en retrait, le bas mid également, pourquoi ce choix?
Je pense aussi que le son est bon même s’il est loin d’être parfait, après, c’est évidemment plus difficile de mixer un titre sur lequel jouent une dizaine de musiciens qu’un duo piano – contrebasse et les choix faits au studio durant le mixage vont ressortir différemment selon le type d’écoute, mais aussi l’oreille et les gouts de chacun, certains aiment des basses énormes, d’autres des aigus cristallins et ciselés, on a essayé de trouver un équilibre qui permette de n’oublier personne, il y a souvent l’épaisseur d’un cheveu entre un mix réussi et un mix raté et il est probable que si le mix ou le mastering étaient refaits par un autre ingé-son le résultat serait bien différent
Quels sont tes coup de cœur musique du moment?
J’entends beaucoup de choses que j’aime mais les vrais coups de coeur ne sont pas si fréquents … Dans ce que j’ai récemment entendu, j’aime beaucoup Christian Scott, qui a su marier des sons traditionnels, des sons électroniques et des éléments rythmiques très actuels qui mettent vraiment en valeur le côté émotionnel et spatial de sa trompette, tout ça servi par une belle écriture et d’excellents musiciens
Que veux-tu dire à nos lecteurs pour les inviter à écouter et acheter ce disque?
Ah, là, tu me demandes de me vendre, et ça, j’ai du mal ;-).
Je ne suis pas le roi de la com, c’est sans doute pour ça que les 2 premiers albums d’EHA sont un peu passés inaperçus – enfin, le premier a tout de même été distribué dans une vingtaine de pays, est passé sur des radios un peu partout et il est épuisé, il y a même un célèbre DJ Américain qui s’est inspiré d’un des titres pour écrire un de ses hits …
Je dirais qu’au contraire de pas mal d’albums sur lesquels on a d’excellents musiciens mais dont on ne se souvient d’aucun titre une fois l’écoute terminée, ou qui sont très classiques, un thème, des solos qui s’enchainent sur la grille et le thème à nouveau pour finir, les compos de Paris Rio New York sont vraiment à la hauteur – on se souvient de « 1984 », « Toronto Layover », « Nuits Magnétiques » ou « Missié Didié » à la première écoute – c’est très vivant, plein de surprises, les musiciens sont exceptionnels et ont joué avec leur coeur.
C’est aussi un album sur lequel il est difficile d’accoler une étiquette ou un style précis et qui sort donc des sentiers battus, c’est en tout cas ce que disent les chroniques déjà parues, toutes très positives.
J’ajouterais, et c’est important par les temps incertains que nous vivons, que Paris Rio New York est un album de rencontre, la rencontre de musiciens venus de cultures, de continents et de musiques très différents et qui ont su construire ensemble un projet humain beau et cohérent, c’est pas juste des notes qui suivent des notes, Paris Rio New York, ça raconte une histoire.
Kwazil c’est le label sous lequel le CD a été produit et fabriqué, Plaza Mayor Company c’est le distributeur pour le monde entier.
Plaza Mayor Company est un label / distributeur / publisher britannique basé à Londres, Hong Kong et depuis peu ils ont aussi un bureau à Montréal.
Après des discussions peu satisfaisantes (pour moi) et qui trainaient l’an passé avec 2 distributeurs français, le ‘talent scout’ français de Plaza Mayor leur a signalé en début d’année un album très intéressant et libre de contrat entendu sur une radio, il y a eu immédiatement un premier contact au cours duquel ils m’ont proposé une distribution mondiale, le lendemain ils m’envoyaient les contrats pour que je les étudie, j’ai un peu négocié avec eux et signé.
L’album est disponible sur toutes les plates-formes, le mieux ainsi que : https://fanlink.to/cRpG ou Paris Rio New York
Conclusion.
EHA Paris Rio New York
j’ai beaucoup aimé la diversité de genre et j’ai voyagé d’un bout à l’autre de cet album.
De mon point de vue, c’est jazz fusion ethnique … voici ce que j’ai noté:
01: New Orléans, jazz, son coloré,
02: Jazz,
03: Pop jazz,
04: world music, jazz,
05: funky,
06:Rock prog avec un forte inspiration Pink Floyd, blues, jazz, pop, fusion, c’est aussi ma plage musicale préférée,
07: Pop, blues, rock ballade, j’entends Stanley Clark et Stanley Jordan),
08: Rock, prog,
09: Folk fusion, prog, jazz,
10: Rock, jazz fusion,
11: Pop indie, world, ballade, genre Dave Matthew band, on entend parler les instruments.
J’ai constaté qu’après avoir écouté Paris Rio New York de EHA, qu’il est difficile de revenir à des écoutes de musiques plus « conventionnelles », du fait de ces couleurs sonores bigarrées qui colonisent en souplesse la partie créatrice dans notre cerveau.
Ce n’est pas banal, je ne me souviens pas avoir vécu ça souvent.
La qualité artistique et technique se situe dans la moyenne haute et qu’ajouter de plus quand on sait que les treize musiciens qui ont participé à cet enregistrement, sont des musiciens talentueux qui ont joué avec leur coeur et ça s’entend.
On ne s’ennuis pas, à aucun moment, si Paris Rio New York raconte une histoire, je vous recommande chaudement de l’entendre, au risque de vous rendre addicted et explorer de nouveaux genres.
Sachez que le visuel de la pochette est un tableau de la peintre danoise Shefali Ranthe, elle très talentueuse et expose dans le monde entier et en plus elle est très sympa Shefali Ranthe : Artiste Peintre contemporain danoise – Singulart
La pensée du moment
Lorsque tu fais quelque chose, saches que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l’immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. [Confucius].
Cet article a été rédigé par Marc PHILIP rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2020, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.