Une platine analogique ne s’installe pas de la même façon qu’un lecteur de CD, en effet, si ce dernier a besoin d’être couplé sur son support pour délivrer toute sa performance, il en va autrement en lecture analogique, où il faut trouver à s’isoler le plus possible du support, donc de découpler le bras, le plateau, et le moteur, afin de se libérer de toute contrainte mécanique parasite, les vibrations sont nuisibles à un fonctionnement optimal de la cellule au bout de son bras, voilà pourquoi on retrouve un absorbeur sous chaque patte de la LP6.1 et que le pivot du bras, baigne dans une huile de silicone dense.
Musique, Maestro
On ne tenait plus, il fallait terminer, nous n’avions qu’une seule chose en tête, aller l’écouter.
Face à ses copines : Linn LP12 et Well Tempered sur le système de Marq
- Linn LP12 avec bras Itock, kit Cirkus et contre platine Cetech, cellule Mission,
- Well Tempered Classic, bras Classic et cellule Linn Asaka,
- Pré-phono Black Cube Lehmann, modifié à 60%, alim externe plus grosse et composants de qualité supérieure.
L’exercice nous a permis de considérer chaque modèle, chaque choix de bras et cellule dans leur contexte respectif.
Evaluer une platine analogique, c’est accepter le changement, car le moindre faux pas, le moindre ajustement, le bon ou mauvais choix de cellule, le choix d’impédance, tout ceci va s’entendre, alors, qu’entendons nous exactement?
Je suis encore obligé de le préciser, mais il s’agit encore et toujours d’un contexte global, pas seulement d’un appareil.
Il est plus compliqué de mettre correctement en œuvre une platine analogique qu’un lecteur de CD, par exemple, du fait que sur le CD, la partie lectrice n’est pas réglable, ce qui est loin d’être le cas sur un bras de lecture analogique, qui bouge en permanence, la cellule doit rester parallèle sur son axe, celles et ceux qui ont déjà utilisé un uni pivot savent de quoi je parle, c’est du domaine de l’équilibriste sur un fil.
L’ajustement de l’impédance de la cellule sur l’entrée phono est elle aussi un facteur de performance non négligeable, il est fortement conseillé d’avoir un minimum d’expérience pour tirer le meilleur d’une platine analogique, sinon, c’est le casse tête assuré, dans la circonstance, votre revendeur professionnel est votre ami.
Dans notre cas, nous avions deux experts au sein de la rédaction, ce qui a grandement facilité les choses, je dois avouer que le réglage choisi était performant et a permis de juger les performances de la LP6.1, dans les meilleures conditions possibles.
Merci Claude et Marq pour votre patience lors de l’ajustement impeccable de la cellule et du bras, puis du fine tuning sur l’ajustement de l’impédance sur le pré-phono, puis du choix d’huile de silicone pour amortir le pivot du bras, c’est du grand art, ce qui a fait toute la différence entre juste bon et excellent, encore une fois 😉
Pour en revenir au son délivré dans la circonstance par la LP 6.1 face à ses copines, je dirais que le grave était plus agréable que sur les deux autres platines selon mes critères, que la dynamique subjective était toutefois bien présente, l’équilibre tonal excellent, il n’y a rien à dire.
La Linn avait plus de tout, mais avec une forte coloration sur le grave et le bas mid, que je n’ai pas aimé.
La Well se rapprochait le plus de la sonorité de la LP6.1, avec sur certains disques, une plus grande richesse au niveau médium aigu, plus de corps et de dynamique, en particulier sur les notes du piano, que la LP6.1 n’avait pas, le tarif est en conséquence et se doit d’être justifié par quelque chose… je ne sais pas si cette similitude sonore est normale, mais sachez que c’est Consonance qui fabrique les platine Well Tempered.
J’ai préféré le type de son de la Well Tempered Classic et de la LP6.1 par cette faculté à ne pas en rajouter, ni colorer, c’est fluide, aéré, pétillant, délié, les voix sont claires, paraissent naturelles, le grave est tendu, rapide et profond à la fois, plus agréable à écouter, selon mes critères, bien entendu car je n’aime pas le son trop « charnu », ce travers qui caractérise certaine écoutes analogiques, avec un son rondouillard que je qualifie volontiers de « romantique », mais qui en fait est une forme de coloration évidente, ce qui peut me plaire ne plaira pas à d’autres. cqfd
Pas si pire pour le prix, je m’attendais à plus de différence que ça, la LP6.1 s’en tire avec les honneurs, que ce soit sur un piano ou sur une voix, c’était super bon, au point de passer d’un disque à l’autre avec gourmandise, elle est attachante cette « petite » LP6.1 et cette cellule Dynavector 10X5 lui va comme un gant.
La Consonance LP6.1 sur mon système
Installée sur une tablette en ply wood dédiée, découplée par 3 pads en caoutchouc, j’ai décidé en commun accord avec Marq, de ne pas utiliser le couvre plateau en néoprène livré d’origine et de poser le disque directement sur le plateau acrylic lors de la lecture, ceci afin de retrouver une certaine Vie, un éclat de voix plus aérien, lumineux, bref, c’est plus musical sans le couvre plateau, essayez sur votre platine, qui sait, peut être aimerez vous ce montage également.
Puisque je suis ce que je suis, j’ai également optimisé cette platine LP6.1 en rajoutant sour chacune des 3 pattes, un morceau de carbone kevlar, qui a servi d’isolant pour contrer les vibrations (très efficace).
Le câble RCA que j’ai utilisé est un DIY silver avec connecteurs Furutech rhodium filament.
Le pré-phono est celui intégré dans le CDP integris.
Le raccordement électrique s’est effectué via la boite Furutech RTP-6 que j’utilise habituellement pour faire fonctionner mon lecteur de CD.
Quelques disques plus tard, je me surprend à aimer ça, je tape du pieds en écoutant de la musique, ça aussi c’est bon signe.
Mon seul regret est de ne pas avoir plus de disques à écouter et d’être obligé de tourner ce foutu disque toutes les 20 minutes dans le meilleur des cas.
Ceci dit, Milles Davis « Kind of Blues » a joué « ad noseam » durant la rédaction de cet article, soyez en sûr 🙂
J’ai écouté Carol Kidd, Nora Jones, Supertramp (évidemment), Francis Cabrel en live, Anne Bisson « Blue mind », … encore une fois, la qualité de pressage est directement liée à la qualité de restitution, pour exemple, mon Jimmy Hendrix ou Pink Floyd « The Wall » se sont avérés inécoutables, même sur une platine à 10 000$ et plus, quand un vinyl n’est pas bon, il le reste!
Conclusion
Le fruit de tout ça est que j’ai aimé cette expérience en mode analogique, ce fut très positif, je n’ai aucun défaut rédhibitoires à souligner, cette LP6.1 est un bon point de départ pour qui veut se faire plaisir immédiatement et pour longtemps, le choix de la cellule Dynavector 10X5 est quant à moi un match parfait, vous auriez tord de passer outre.
Est ce suffisant pour m’équiper à demeure? Je me questionne encore, la concurrence est Rega, Sota et Project à ce niveau de prix, mais qu’en est il en terme de musicalité des autres « petits » modèles? Combien en réalité faudrait il dépenser pour ne serait ce arriver aux mêmes performances que la LP6.1?
J’en profite pour répondre à l’une des questions posées en début de ce reportage :
Peut on s’improviser du jour au lendemain un amateur de vinyls?
Amateur, je ne suis pas certain, utilisateur, oui.
Il s’agira avec patience de vous constituer une collection de disques digne de ce nom afin de passer de « simple » utilisateur à amateur de vinyls.
L’analogique c’est comme le vin, avant de devenir un authentique amateur et à fortiori un connaisseur, il va falloir en passer par une longue pratique, puis, patiemment se constituer une cave respectable.
Tous les amateurs autour de moi, le sont depuis de nombreuses années et se sont constitués une collection de disques imposante.
Mais débuter en analogique par une platine telle que cette Consonance LP 6.1 est judicieux à plus d’un titre, elle est séduisante, compacte, pas trop chère, facile à vivre, mais surtout et c’est bien là le plus important, elle sait retranscrire la musique avec fidélité, ce qui est loin d’être le cas de tous les modèles sur le marché, quelque soit le prix que vous allez y mettre.
Une fois correctement assemblée et fonctionnelle, cette LP6.1 est redoutable, elle a le rythme dans la peau, sait être silencieuse, s’harmonise avec le décor et malgré sa taille « mini » est capable de restituer la musique avec beaucoup d’allant et sans coloration typique, c’est important de le préciser.
Je me suis surpris plus d’une fois à dire : mais comment? c’est déjà fini?
Ce qui signifie qu’il est temps de se lever pour tourner le disque… c’est le côté un peu frustrant de la chose, mais il semble que je sois le seul à m’en plaindre, je ne dois pas encore avoir franchi le cap de l’utilisateur passionné et patient, il va me rester encore du chemin à parcourir avant de devenir un vrai amateur de vinyl.
Pour ma part, je suis devenu exigeant et un brin paresseux … c’est que ça demande de l’entretien c’est petites bêtes là, une mise en œuvre et un apprentissage du levé de bras, je parle là de celui de la platine bien entendu, d’une délicatesse absolue est requise!
Manipuler une platine tourne disque, c’est tout un art.
Sur notre modèle d’essai qui était neuf, il est arrivé à quelques reprises que le bras ne descende pas seul sur le disque, il a fallu que je l’aide.
Je reconnais être attiré par le côté mécanique de l’analogique, j’aime les pièces de métal usinées dans la masse, les belles cellules, les systèmes de découplages, le soin apporté à l’ensemble du process, ce qui a été le cas sur la Consonance LP 6.1, qui de mon point de vue est exemplaire sur ces points, ne vous fiez pas au prix, c’est du calibre de matériel bien plus cher.
Si je devais me gâter, « if cost is no object », je porterais mon choix sur une Clear Audio Innovation, que je contemplerais en écoutant de la musique provenant de mon lecteur laser, que voulez vous, on ne se refait pas, c’est mon côté dérision et un brin cabot 🙂
Anyway, je recommande sans l’ombre d’une hésitation, l’achat de cette platine Consonance LP6.1 pour ce qu’elle est, un excellent rapport/présentation (usinage impeccable)/musicalité/prix.
Le cérémonial de l’utilisateur d’analogique s’apparente beaucoup à la cérémonie du thé en Asie, chaque geste a une signification, c’est gracieux et précis, pas de précipitation, chaque geste a un sens, la séquence de ces gestes est dictée par l’impérieux désir de perfection.
On apprend la patience et le soucis du détail, chaque geste compte, la récompense est 15 à 20 minutes de musique, environ par face.
L’écoute d’un vinyl dans de bonnes conditions, c’est tout de même, il faut bien l’avouer, un grand plaisir, mais gardez vous de faire la comparaison avec la lecture numérique, ça finirait par vous gâcher la journée… j’ai bien essayé d’en parler, mais ça se termine toujours par une évidente mauvaise foi et en queue de poisson.
J’en viens parfois à me demander si on entend tous la même chose, enfin, c’est la fête de la musique, quand même 🙂
Strengths/ Points forts :
- Les performances globales,
- Bras en carbone,
- Match parfait avec la cellule Dynavector 10X5 comme le suggère Grant Audio,
- La finition et présentation haut de gamme,
- Tarif attractif au regard des prestations offertes.
Weaknesses/Points faibles :
- Assemblage et ajustement laborieux sans un minimum de connaissance.
- Pas de capot de protection contre la poussière,
- Câbles RCA femelles un peu courts, je suggère un fil de 1 mètre avec une paire de RCA males et le tour est joué.
Une dernière chose, j’ai eu l’occasion sur plusieurs années de voir et surtout d’entendre des platines analogiques qui pouvaient pour certaines dépasser le prix de ma voiture lorsqu’elle était neuve, mais sachez que le prix n’est en aucun cas un gage absolu de musicalité, j’ai pris autant de plaisir à écouter de la musique sur la Consonance LP6.1 à 1800$ tout compris bras et cellule, que j’en ai eu avec la Well Tempered Classic ou la Oracle Delphy mk III, 3 ou 4 fois plus chères.
Contact et information distributeur
Grant Fidelity
Management : Ian Grant et Rachel Zhang
Calgary, AB
Canada
phone: toll free 1-888-477-5379.
Pour conclure, j’emprunte le mot de la fin, au slogan de Grant Fidelity : « High end, not high priced »
Cet article a été rédigé par Marc PHILIP, rédacteur indépendant, tous droits réservés, copyright 2010, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bonne journée et bonnes écoutes.
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