Angie’s Corner experience

2
2526
Crédit photo: Suave Kajko, CANADA HiFi Magazine.

Vivre de sa passion…c’est avant tout une affaire de choix, d’attitude, avant même d’être une histoire d’argent.

Voilà une expression qui à mes yeux donne un sens à la Vie. Je ne peux que souscrire autant qu’encourager les femmes et les hommes qui encore quelque chose à prouver, d’accomplir avec fougue et enthousiasme ce pourquoi ils sont viscéralement faits et pourquoi pas de venir nous en parler.

Quelque soit le lieu, en autant que l’activité soit en rapport avec le monde fascinant de la musique, hifi et cinéma maison, je suis à l’écoute.

Je sais de source sûre que vous aussi, chers lectrices et lecteurs, avez le goût de lire plus souvent des histoires authentiques de gens qui dans la vraie Vie le sont tout autant.
J’ajouterais qu’il n’y a pas d’âge pour réussir à vivre de sa ou ses passions, ou tout simplement se réaliser au travers de son ou ses rêves.

Alors puisque ni vous ni moi n’allons à Toronto (Ontario) tous les jours, un autre que moi s’est prêté à l’exercice en voyageant sur place, il nous dévoile donc un peu de son expérience, après avoir poussé la porte d’une boutique bien connue de Toronto, le célèbre Angie’s Corner.
Ceci est le compte rendu de Luc en tant que client, tel que cette visite l’a inspiré.


Nous le savons bien, les mélomanes et audiophiles sont d’éternels insatisfaits. C’est bien connu!

La quête d’une composante qui donnera un meilleur rendu sonore ne se fait pas à la légère.
Les boutiques spécialisées ne courent pas les rues et il peut être aussi intéressant de connaître la personne qu’il y a en arrière de l’enseigne.
Qu’est-ce qui les distinguent les unes des autres, au-delà du contenu en terme de matériel?

Qu’est-ce qui fait que l’on siège au sommet?
On ne fait pas partie de l’élite en cliquant des doigts. Il faut avoir la flamme, cette touche intangible qui fait baisser la tête et foncer. Advienne que pourra. Parfois, sans le savoir, on se fait propulser sur notre voie. Certains événements de notre vie, qui à première vue nous apparaissent comme une catastrophe, peuvent se transformer en véritable conte de fée.
Pour Angie Lisi, ce conte a débuté il y a plus de 36 ans par la fermeture du commerce où elle travaillait.

Référée par son employeur précédent, elle se retrouve dans le monde de l’audio sans savoir ce qui l’attend et sans connaître quoi que ce soit de ce monde.

Elle ne connaît vraiment pas le domaine sauf pour la musique que son père faisait jouer à la maison.
Mais rapidement, c’est la révélation. La foudre frappe. C’est la ligne de départ d’une aventure de passions et d’émotions.

Madame Angie Lisi
Madame Angie Lisi

Elle apprend sur le tas avec le technicien qui travaille à la boutique audio de Queen à Toronto où elle fait ses débuts. Les journées, les semaines, les années passent et elle n’en démord pas.

C’est bien la voie, sa voie. Les connaissances s’empilent, l’expérience grandit. La quête du St-Graal débute. Mais qu’elle en est la route? Où finira-t-elle?
Bien rapidement, les chaînes hifi sur le plancher de la boutique du quartier Queen à Toronto ne la satisfont plus. Elle veut mieux. Il y a mieux; il faut mieux.

En fait, il y aura mieux. C’est sa vision, sa façon d’avancer. Du matériel un peu plus haut de gamme fait son entrée, mais ce n’est pas suffisant.
Insatisfaite, elle ne voit qu’une solution à sa quête : se lancer elle-même dans le marché. Après plus de dix années d’attente et de planification, c’est la création de American Sound of Canada.

Lentement, elle fait sa place dans le petit monde de la haute fidélité. Les salons se succèdent : Montréal pendant plus de vingt ans, le Rocky Mountain Fest, Chicago où, alors que Dave Wilson (Wilson Audio) et Jeff Rowland se partagent une pièce pour lancer une nouvelle série d’enceinte pour l’un et d’amplificateurs pour l’autre, elle a acheté toutes les composantes de la pièce pour son magasin. Rien de moins! La passion, c’est aussi la folie, le risque, l’insouciance!

Focal et Joseph Audio
Focal et Joseph Audio

Angie impose peu à peu sa marque, oui par les produits, mais surtout par son approche très personnelle du client.

Ce n’est pas seulement comment elle vend les composantes, mais ce qu’elle vend. C’est le client en tête; ses besoins, ses goûts. Tout comme un couturier qui ajuste un complet à votre taille, Angie ajuste votre chaîne et ses composantes à votre pièce, à vos goûts musicaux, à vos préférences sonores et bien entendu, à votre budget.

Elle tient tellement à bien servir le client qu’elle est prête à refuser de vendre du matériel qui ne s’agencerait pas à ses besoins. Les clients en sont avisés : à l’entrée de American Sound of Canada: « I reserve the right to refuse to sell»!

Angie dit aussi que : “Products do not make Angie. Angie makes the product”.

À priori, ça peut paraître prétentieux, mais dans sa philosophie, l’agencement des composantes entre elles est toute aussi important que les composantes elles-mêmes. Angie est de l’école de la puissance.

Pour elle, pour qu’une chaîne audio rende la musique comme elle doit être rendue, il faut déplacer l’air et pour déplacer l’air, il faut de la puissance; tant pour livrer la douceur et les charges de la musique que pour remplir la pièce.
C’est tout le spectre qui doit être livré, basses incluses, même à bas volume. C’est ce que l’on appelle la dynamique.

Enceintes Chario et Avant-Garde, électroniques Audio Research et Audia flight
Enceintes Chario et Avant-Garde, électroniques Audio Research et Audia flight

Après 35 années de travail acharné à acquérir les connaissances, les habiletés, les compétences, elle fait un autre grand saut et ouvre à la fin du printemps 2012, les portes d’une seconde boutique : Angie’s Audio Corner.
C’est, pour Angie, l’accomplissement d’un rêve qu’elle a lentement et patiemment bâti, pièce par pièce, au fil de toutes ces années. C’est dans l’âtre d’une maison presque centenaire que prend forme sa « folle aventure ». Au détour de chacune des salles s’étalent les équipements audio.

Le cachet chaleureux et unique de chacune des pièces et le choix judicieux de la chaîne et de ses composantes transforment la séance de magasinage en expérience musicale riche et agréable.

Quand on sait que la popularité de la haute-fidélité est limitée, que les grandes surfaces attirent de plus en plus les consommateurs, il semble que cette aventure relève de la folie. Mais le regard que porte Angie est tout autre. Ces grandes surfaces démocratisent l’accès et sont nécessaires pour les premiers achats. Les boutiques spécialisées en hifi peuvent ainsi s’appuyer sur un potentiel accru de vente. À eux de le développer par leur habileté!

La reconnaissance

Que dire des divers honneurs que Angie a reçu tout au long de ces années. Le dernier en date et non le moindre, c’est le Prix d’Excellence pour l’ensemble de son oeuvre ( Lifetime Achievement Award) de l’édition 2013 du Salon Son et Image de Montréal.
Pour être nommé à ce prix d’excellence, il faut œuvrer un minimum de 20 ans dans l’industrie de l’audio, idéalement au même endroit, savoir innover, promouvoir l’industrie et s’impliquer dans son développement.

La carrière d’Angie satisfait facilement tous les critères; mais ce qui a fait pencher la balance, c’est l’ouverture de Angie’s Audio Corner. Elle a témoigné ce faisant, de sa ténacité et de sa persévérance. Cette grande dame de l’audio aurait très bien pu s’asseoir sur ses lauriers et préparer sa retraite; mais elle préfère foncer, prendre des risques, investir et s’investir. Jumelée à sa compagnie de distribution de produits hifi haut de gamme Audio Pathways, elle continue de travailler avec acharnement sans compter ses heures.

En tant que femme, Angie a aussi joué et joue toujours un rôle important pour l’avancement des femmes dans cette industrie fortement représentée par des hommes. Elle en a inspiré plus d’une et souhaitons que plusieurs autres suivront dans son sillon.

RJH Audio
RJH Audio

Si jamais vous passez dans la région de Toronto, faites le détour et payez-vous une visite de Angie’s Audio Corner. Vous y retrouverez des grandes marques renommées comme Sonus Faber, Focal, Vienna Acoustics, Jeff Rowland, Audio Research, DCs et bien d’autres!! Mais surtout, vous aurez la chance d’en savourer le son et de vous imbiber de l’amour de la musique qui y règne.

Aussi longtemps qu’elle vivra, la musique et les composantes audio seront son époux, ses enfants et ses petits-enfants. Stendhal a dit que la vocation, c’est avoir pour métier sa passion. Angie Lisi, c’est la vocation de la passion audio!

Esoteric et Audio Research
Esoteric et Audio Research

Conclusion

J’espère que ce témoignage vous aura donné le goût de pousser la porte de cette boutique Torontoise, mais aussi de vous inciter à franchir le seuil de la boutique spécialisée de votre quartier.
La plupart des femmes et des hommes qui travaillent dans ce métier sont des passionnés. Il le faut, c’est nécessaire, comment voudriez vous avancer sans la passion de ce que l’on fait, en particulier en hifi?
Nous n’avons pas fini d’entendre parler des meilleurs d’entres eux, ça je peux vous l’assurer. Mais comme nous vivons dans un monde imparfait, tous ne peuvent pas se qualifier pour les palmes académiques.

Devrions on nous aussi parler des « brèles »? Ce sera à vous de nous le dire.
Il se trouve qu’à force de réaliser des banc d’essais, des visites de salons, des écoutes en boutique et chez des particuliers, je me rends compte à quel point cette industrie a perdu de la vitesse en regard de l’évolution d’une part du marché, mais aussi de la technologie.
Le challenge, pour ceux que l’on appellent affectueusement dans le métier des « pousseurs de boites » c’est de vous remettre au diapason et vite à part de ça. Sinon, allez travailler chez Costco, des milliers de boites à pousser tous les jours et un bon salaire à la clé vous attendent.

Laissez les vrais passionnés entres eux.
Considérez une bonne fois pour toute votre métier comme une chance. Votre profession se doit de refléter votre passion, vos compétences. Vos clients en savent bien plus aujourd’hui grâce ou à cause d’Internet qu’il y a 10 ans par les magazines papier.

Alors oui, certains ont encore le tour de vendre leur salade, mais de grâce, inspirez vous des meilleurs, les médiocres sont en train de faire chuter la côte des authentiques professionnels, ça me fatigue et je ne suis pas le seul.

Sonus Faber Aïda et panneau acoustique diffuseur quadratique lamellé chez Angie's corner.
Sonus Faber Aïda et panneau acoustique diffuseur quadratique lamellé chez Angie’s corner.

Mon souhait est que les professionnels revendeurs du monde de la hifi et du cinéma maison, s’intéressent un peu plus à l’acoustique, au mobilier dédié, au soin apporté à l’installation elle même de leurs équipements.

Après la vente à proprement parlé, il y a ce que l’on appelle l’optimisation, c’est à dire installer dans les règles afin que le rêve ne se transforme pas en désillusion.
Je profite de l’occasion pour mentionner que chez (inovaudio) nous sommes manufacturiers canadiens de panneaux acoustiques, meubles et accessoires hifi. Nous sommes les seuls au monde à fabriquer des panneaux acoustiques diffuseurs et diffracteurs aussi profonds et efficaces combinés entres eux. Pourtant, il semble que cette information soit totalement occultée par les médias.
Que dois je comprendre?
Pourquoi les boutiques ne s’intéressent pas plus à nos produits fabriqués entièrement ici au Québec?

Pourquoi les audiophiles et mélomanes ne s’intéressent t ils pas plus à nos produits?

Pourquoi faire fi de nos conseils et accepter de limiter les performances de votre système hifi à 20% ou 30% alors que vous pourriez obtenir facilement 80% et peut être plus?
Alors pour revenir au sujet, Angie n’est peut être pas la meilleure dans son domaine, pas encore du moins, mais elle travaille fort pour le devenir. Elle a accumulé au fil du temps une solide expérience, pour ne pas dire une expertise certaine, d’une part du marché qui est en constante évolution, des clients, qu’elle sait infidèles et exigeants, du matériel de plus en plus performant et de la guerre des prix qui fait rage au sein même de notre industrie.

Cette forte personnalité c’est aussi sa marque de commerce. Partout où elle passe, les gens la respecte, même ses compétiteurs.

Les 4 femmes d'affaires qui ont animées le débat au SSI 2013
Les 4 femmes d’affaires qui ont animées le débat au SSI 2013

De plus, c’est une femme.
Ce point est important, la dernière personnalité qui aura laissé sa marque était Madame Roberge de Montréal, qui elle aussi avait en son temps, su se placer comme étant une femme de tête à forte personnalité et c’est la raison pour laquelle les gens venait la visiter plus qu’une autre.

Se singulariser, c’est vital, Angie Lisi l’a bien compris.
Entre deux choix de boutiques pour un même appareil hifi haut de gamme, il y a de forte chance que ce soit Angie qui remporte le client.
J’en connais qui vont régulièrement de Montréal à Toronto, acheter des produits spécifiques, neufs ou usagés.

Apporter quelque chose en plus, de novateur, susciter la curiosité, l’intérêt, faire parler de soi … c’est la clé 🙂

Tout est dans le marketing disait mon prof et il avait bigrement raison.
Il reste que dans l’absolu, l’humain étant ce qu’il est, il faut y aller avec discernement. Diriger une entreprises en 2013, c’est tout un défi, souvent 6 jours sur sept. À fortiori une boutique de matériel hifi c’est autrement plus complexe à gérer qu’un Tim Hortons.
Le témoignage de Luc lors de sa visite chez Angie Lisi m’incite à m’intéresser de plus près à ces femmes et ces hommes de bonne volonté qui portent haut la flamme du high end.
Le monde de la haute fidélité est fascinant, rempli de contradiction, mais tellement jouissif quand on y pense.

J’ai également rencontré dans notre belle province plusieurs autres revendeurs passionnés, qui même s’ils ne sont pas « hyper » à la page, s’intéressent au plus haut point à leurs affaires, essaient, expérimentent, tout ceci au profit de leur clientèle.
Car c’est bien de service dont nous parlons ici. Pousser la porte de telles boutiques requière une sérieuse dose de motivation. N’oubliez pas que le client cible en hifi ne représente qu’un 2% des consommateurs.

Ce que j’aimerais vous dire en terminant, c’est qu’en tant que client vous avez également une part de responsabilité. Soyez honnêtes et francs vis à vis de votre revendeur, traitez le avec respect. Tout comme il y a des professionnels « pousseurs de boites », il y a également des clients « bulshiteux » qui viennent en toute impunité quémander de l’information auprès des boutiques spécialisées; mais qui au bout du compte n’achèteront jamais sur place et vont délibérément magaziner sur Internet afin de gagner quelques $, voire faire le tour de toutes les enseignes de leur région afin de négocier « le bout de gras ».

Si on faisait de même avec votre job, vous ne seriez pas content et bien les marchands ne le sont pas plus quand vous leur faite subir cet affront.

Ceci est un manque total de savoir vivre et pour tout dire, vous desservez plus que vous ne supportez notre industrie et je trouve cela regrettable, car nos achats, c’est la garantie de nos emplois.

Comme il est anormal que le directeur d’une revue de hifi revende du matériel en arrière de son garage à la barbe de ses propres annonceurs et qui malgré tout ne se gène pas de faire, à chaque fois qu’il en a l’occasion, l’apologie du conflit d’intérêt en pointant du doigt ses compétiteurs.(sic)

Notre métier a un besoin urgent d’éthique.

Il faut pour cela que toutes et tous fassions notre part. Que les gens « influent » de notre industrie cessent de supporter financièrement ce genre de presse, c’est autant nuisible pour le consommateur que pour le marché tout entier. Mais si vous, gens de la profession, c’est vraiment ce type de média que vous voulez, alors…
Retenez ceci, il y a deux choses qui n’ont pas de fil et dont je me méfie comme de la peste: les micros-ondes et les marionnettes.

(à droite) Angie Lisi, Présidente, Audio Pathways, American Sound, Angie’s Corner, lors de la conférence sur les femmes d'affaires au SSI 2013.
(à droite) Angie Lisi, Présidente, Audio Pathways, American Sound, Angie’s Corner, lors de la conférence sur les femmes d’affaires au SSI 2013.

Angie Lisi la fondatrice de Angie’s Corner a bien compris la problématique de fond du marché de la hifi en 2013 et son attitude singulière est le signe d’une nouvelle façon de faire du commerce.

Même si il y a du chemin à parcourir, il reste que son professionnalisme fait honneur à la profession toute entière et pourrait servir d’exemple à bien d’autres.
Saluons donc les braves, Angie’s corner est une étape, mais sachez qu’au Québec nous avons aussi quelques talentueux revendeurs dont j’aimerai vous parler.
Merci Luc, pour ce compte rendu exhaustif.
Nous avons une grande chance d’avoir au Canada une personne comme Miss Angie qui a eu le courage d’imposer sa personnalité, dans sa façon de travailler elle est ferme, mais juste. Bien des hommes devraient s’en inspirer, si vous voyez ce que je veux dire.
Vivre de sa passion…c’est avant tout une affaire de choix et d’attitude, avant d’être une histoire d’argent, particulièrement en hifi.


La pensée du moment

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l’immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. [Confucius].


Cet article a été rédigé par Luc et Marc Philip, rédacteurs indépendant, tous droits réservés, copyright 2013, les textes et photos sont la propriété de l’auteur et du magazine.
Bon divertissement.

Les commentaires sont fermés.